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Veröffentlicht am 23­.09.2011

22.9.2011 la vie

Voyage de Benoît XVI en Allemagne : un pape en délicatesse avec les siens

Jean Mercier
La visite de Benoît XVI en Allemagne, du 22 au 25 septembre, est attendue avec réserve par les catholiques échaudés par des choix pastoraux contestés.

Nul n’est prophète en son pays, affirme le dicton jadis sorti de la bouche du Christ devant ses compatriotes incrédules de Nazareth. Du 22 au 25 septembre, Benoît XVI va tâcher de faire mentir cet adage en se rendant dans son pays natal. Il se confronte à la partie de l’église sans doute la plus rétive, non seulement à sa personne, mais aussi à la papauté, qu’est la catholicité germanique.

L’étude des siècles impose comme évidence le caractère passionnel de la relation entre Rome et nos cousins germains de l’outre-Rhin ou de l’outre-Léman, sur fond de luttes de pouvoir et de querelles dogmatiques (lire notre saga sur le sujet page 28). Le bras de fer entre Rome et le Saint Empire romain germanique, d’abord. Puis la Réforme, née dans l’espace allemand et helvétique. Et la contre-Réforme, ensuite, qui triompha en Bavière et en Autriche. Au final, l’Allemagne est un des rares pays où les deux confessions sont à égalité, d’où l’importance de la rencontre de Benoît XVI avec des sommités luthériennes à Erfurt, là où vécut Martin Luther. Bien naturellement, les catholiques comparent leur fonctionnement ecclésial à celui des protestants : pasteurs mariés et de sexe féminin, élections démocratiques, tout en voyant que ce n’est pas la panacée, car l’église évangélique allemande (EKD) traverse aussi une crise profonde, liée à la sécularisation.

Si, en raison de cet atavisme, recevoir le pape est chose moins aisée pour les Allemands que pour les Français, accueillir Joseph Ratzinger ajoute une couche de difficulté. Il est le gardien du dogme qui a serré la vis aux théologiens et imposé aux catholiques sociaux de sortir des circuits du conseil pré-IVG. à ces humiliations se sont ajoutées la crise provoquée par les propos du pape sur l’islam à Ratisbonne en 2006 et, honte suprême, la réhabilitation de Williamson, l’évêque négationniste. Les Allemands mettront longtemps à pardonner au pape cette faute dont il n’est pas coupable, mais qui vint rouvrir la blessure du IIIe Reich.

C’est pourquoi, au-delà des manifestations anti-Benoît XVI des lobbies gays, opportunistes plus qu’indignés, on retiendra surtout une mobilisation importante des catholiques critiques, puissamment organisés. Ce courant a connu un coup de fouet en 2010 avec les affaires de pédophilie impliquant des prêtres. Représentant la base, le mouvement Wir sind Kirche (Nous sommes l’église), né en Autriche en 1995, a annoncé toute une série de manifestations durant le voyage du pape. A leur appui, les 200 théologiens qui ont signé une pétition pour que les choses changent dans l’église. Les évêques, enfin, dont plusieurs se sont manifestés depuis un an pour demander un assouplissement de la règle du célibat ou de la discipline concernant les divorcés remariés. Devant des attentes aussi convergentes et fortes, le pape ne peut donc sûrement pas se taire.

Zuletzt geändert am 23­.09.2011